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Psychanalyse et Psychothérapie

Cabinet et téléconsultations

Pascale Raoux

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Les statues sur le bureau de Freud : un panthéon silencieux qui le regardait

Dans l’atmosphère feutrée de son cabinet viennois, Freud, le père de la psychanalyse, travaillait sous le regard attentif de dizaines de statues et figurines archéologiques. Égyptiennes, grecques, romaines ou orientales, ces œuvres anciennes occupaient une place centrale dans son espace de travail. Bien plus que de simples objets décoratifs, elles formaient un panthéon symbolique qui accompagnait Freud dans sa pratique quotidienne.


Une passion archéologique et symbolique

Freud nourrissait une fascination profonde pour l’archéologie. Il y voyait une métaphore de son travail psychanalytique : fouiller l’inconscient comme un site ancien, couche après couche, à la recherche de vérités enfouies. Sa collection, riche de plus de 2 000 objets, était à ses yeux une manière d’ancrer la psychanalyse dans une histoire longue, presque mythique.

Parmi ces objets, les statues sur son bureau tenaient une place particulière.


Des regards posés sur Freud

Contrairement à une disposition classique, ces statues n’étaient pas tournées vers les patients, mais vers Freud lui-même. Elles le regardaient pendant qu’il travaillait, écrivait, ou écoutait ses analysants. Ce détail, bien documenté, a suscité de nombreuses interprétations : pourquoi Freud tenait-il à être observé par ces figures du passé ?


Ces regards silencieux pouvaient représenter :

  • Une forme de surmoi symbolique, une instance intérieure qui observe et juge.

  • Une présence rassurante, comme celle de maîtres anciens qui veillent sur l’analyste.

  • Un rappel de l’héritage culturel, des mythes et des histoires que Freud réactivait dans chaque cure.

  • Ou encore un reflet de sa propre introspection, comme si ces statues devenaient les témoins de ses pensées les plus profondes.


Des figures mythologiques chargées de sens

On y trouvait des représentations d’Athéna, déesse de la sagesse, de Sphinx, gardienne de l’énigme, d’Oedipe, incarnation du complexe central de sa théorie, ou encore du dieu Osiris, symbole de renaissance. Ces statues incarnaient les forces de l’inconscient que Freud cherchait à dévoiler chez ses patients, et peut-être aussi en lui-même.


Le bureau, un théâtre de la psychanalyse

Le bureau de Freud n’était pas un simple espace de travail, mais un véritable dispositif symbolique. Les statues regardaient Freud, comme si elles participaient elles aussi à l’analyse. Cette mise en scène renversait le rapport habituel : c’est l’analyste qui était observé — par l’histoire, par la culture, par les dieux anciens.

Dans ce face-à-face silencieux, Freud puisait sans doute une forme de concentration, d’inspiration, et de légitimation. Son travail devenait ainsi une sorte de rite, dans lequel il convoquait les forces du passé pour explorer les abîmes de l’inconscient moderne.


Une mise en scène de l’inconscient

Aujourd’hui encore, au musée Freud de Londres, les visiteurs peuvent ressentir cette présence étrange et puissante. Les statues disposées en demi-cercle, les regards figés tournés vers le fauteuil de Freud, évoquent une scène sacrée, où l’analyse devient presque un acte théâtral — et mythologique.


Les statues sur le bureau de Freud, en le regardant, incarnaient bien plus qu’une passion érudite. Elles étaient les témoin silencieux d’un dialogue entre le passé et l’inconscient, entre le mythe et la subjectivité. Par leur présence, elles rappelaient à Freud — et à nous — que l’analyse est toujours observée : par nos ancêtres, nos rêves, nos dieux intérieurs.


 
 
 

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