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Pascale Raoux

Membre de la Société Française de Psychanalyse Appliquée​​

Psychanalyse et Psychothérapie​

Cabinet et téléconsultations

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Peur de la guerre et névrose de guerre : perspectives psychanalytiques sur un contexte de menace


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Les périodes marquées par des tensions internationales ou par la présence médiatique d’images de conflit produisent des effets psychiques significatifs. Même lorsqu’elle ne touche pas directement le sujet, la guerre introduit une rupture dans le sentiment de stabilité nécessaire au fonctionnement psychique.

La psychanalyse offre un cadre pertinent pour comprendre comment la menace, même distante, mobilise l’inconscient et peut réactiver des manifestations anxieuses que Freud a décrites sous le terme de névrose de guerre.


La guerre comme altération du sentiment de sécurité psychique

La guerre ne se limite pas aux champs politique ou stratégique : elle implique une modification de l’environnement symbolique dans lequel évolue le sujet.L’exposition répétée à des discours ou à des images de violence peut être perçue par l’inconscient comme un danger imminent, indépendamment de la situation réelle. Cette perception peut se traduire par :

  • une anxiété diffuse

  • une hypervigilance soutenue

  • des pensées intrusives ou anticipations catastrophiques

  • des tensions somatiques ou des troubles du sommeil

Ces réponses ne relèvent pas d’une sensibilité excessive : elles témoignent d’une tentative du psychisme de faire face à une situation qu’il interprète comme potentiellement déstabilisante.


La névrose de guerre : un concept freudien toujours opérant

Introduit par Freud durant la Première Guerre mondiale, le terme névrose de guerre renvoie à un ensemble de manifestations psychiques provoquées par une effraction traumatique.

Il ne s’agit pas d’une catégorie nosographique fixe, mais d’un concept clinique permettant de penser la manière dont un choc, réel ou représenté, peut désorganiser les défenses habituelles du sujet.

Freud identifie trois dimensions centrales :

  1. L’effraction traumatique, qui contourne les mécanismes de protection du Moi.

  2. L’impossibilité de symboliser l’événement, entraînant répétitions oniriques, ruminations ou réactivations émotionnelles.

  3. La sidération psychique, qui limite temporairement les capacités d’élaboration.

Ces éléments restent pertinents pour comprendre les effets de la guerre telle qu’elle circule aujourd’hui dans l’espace médiatique et social.


Résonances contemporaines : pourquoi ces peurs se réactivent-elles ?

L’omniprésence de l’actualité et la rapidité de sa diffusion réduisent les temps d’intégration psychique. Le sujet, exposé en continu, peut percevoir la menace comme étant proche, voire immédiate.Cette proximité symbolique influence le fonctionnement psychique et peut conduire à :

  • une difficulté à se projeter dans l’avenir

  • une impression d’instabilité ou d’imminence du danger

  • des réactions d’agitation ou, à l’inverse, une forme de retrait

  • une sensibilité accrue aux signes extérieurs de tension

Ces manifestations traduisent la manière dont l’inconscient traite l’information lorsque le contexte collectif s’assombrit.


Apports de la psychanalyse : un espace d’élaboration face à la menace

La psychanalyse propose un cadre dans lequel ces inquiétudes peuvent être formulées et mises en lien avec l’histoire singulière du sujet.L’expression de la peur de la guerre en séance ne se réduit pas à un commentaire de l’actualité : elle peut révéler des enjeux plus anciens, parfois liés à des transmissions familiales, à des expériences précoces ou à des représentations inconscientes de la vulnérabilité.

Le travail analytique permet :

  • de distinguer la part individuelle et la part contextuelle dans les affects ressentis

  • d’explorer les résonances inconscientes activées par la menace extérieure

  • de diminuer la répétition des pensées ou des images envahissantes

  • de soutenir la capacité du sujet à élaborer ce qui, sans cela, resterait à l’état de tension interne


Une articulation entre vécu individuel et climat collectif

La peur de la guerre occupe une place particulière : elle mobilise à la fois des représentations sociales et des fantasmes individuels. Elle se situe à l’intersection du collectif et du singulier, du rationnel et de ce qui appartient à la vie psychique profonde.

Penser ces mouvements permet d’éviter que la menace extérieure ne prenne une place disproportionnée dans la vie psychique.

La psychanalyse, en offrant un espace de mise en mots, contribue à réintroduire un repère et de la continuité dans un contexte perçu comme incertain.

 
 
 

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