Le hasard n’existe pas : quand l’inconscient choisit à notre place
- pascaleraouxpsycha

- 31 oct.
- 2 min de lecture
Nous parlons souvent de hasard pour expliquer ce que nous ne comprenons pas.Une rencontre inattendue, un mot échappé, un objet perdu puis retrouvé au “bon” moment : autant de petits événements que l’on range volontiers dans la catégorie de l’accidentel.Pourtant, la psychanalyse propose un autre regard. Rien, dans la vie psychique, n’est totalement fortuit. Ce que nous appelons hasard porte souvent la marque de l’inconscient, ce lieu d’où surgissent nos désirs, nos oublis et nos répétitions.
Quand le hasard se fait messager
Freud, dans Psychopathologie de la vie quotidienne, montrait déjà que les lapsus, les oublis ou les actes manqués ne sont pas des erreurs sans importance.Ils révèlent une intention inconsciente : un mot dit à la place d’un autre, une phrase interrompue, une porte laissée ouverte… autant de manières pour le psychisme de se faire entendre.
Ce que nous nommons “hasard” n’est alors que la forme visible d’un mouvement intérieur.Sous l’apparente contingence, quelque chose se joue : un désir refoulé, un conflit, une vérité qui cherche à se dire autrement.
Coïncidences et désir : le sens caché des rencontres
Il arrive que certaines rencontres ou événements paraissent “tomber à pic”.Un message reçu au moment précis où l’on y pensait, une conversation qui résonne étrangement avec une question intime…Plutôt que d’y voir une force extérieure mystérieuse, la psychanalyse invite à y lire un effet du désir.
Le sujet, sans le savoir, oriente ses pas, ses choix, ses oublis.L’inconscient choisit parfois à sa place.Ce qui se présente comme une coïncidence devient alors une réponse à une question qu’il ne savait pas avoir posée.
Les actes manqués : un hasard qui parle
Un rendez-vous oublié, un nom écorché, un objet égaré : ces “erreurs” révèlent la présence active de l’inconscient.Elles introduisent du sens là où le moi pensait qu’il n’y en avait pas.Dans l’espace analytique, ces détails sont écoutés comme des traces du sujet, des indices de ce qui se répète ou résiste à la conscience, un discours réussi.
Le hasard, ici, ne dit pas l’avenir : il parle du présent, de ce qui se joue à notre insu.
Hasard, nécessité et désir
Affirmer que le hasard n’existe pas ne revient pas à croire que tout est écrit.C’est reconnaître que le psychisme a sa propre logique, différente de celle du calcul ou de la causalité.L’inconscient met en scène, déplace, répète. Il nous conduit parfois vers des situations qui semblent accidentelles mais qui, à l’écoute, révèlent une nécessité intérieure.
Comme si chaque détour du réel portait la trace d’un appel : celui de ce qui, en nous, cherche encore à être entendu.
Sous le mot “hasard” se cache souvent une forme de pudeur : celle de ne pas vouloir savoir d’où vient ce qui nous arrive. La psychanalyse nous invite, au contraire, à prêter attention à ces coïncidences, à ces petits riens qui paraissent tomber du ciel.Ils ne disent pas le destin, mais quelque chose du sujet, de sa façon singulière de rencontrer le monde.
Le hasard, finalement, n’est peut-être rien d’autre qu’un rendez-vous de l’inconscient avec le réel.

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