Le Palais à 4 heures du matin : un rêve matérialisé par Giacometti
- pascaleraouxpsycha

- 11 juil.
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À l’aube de 1932, Alberto Giacometti crée Le Palais à 4 heures du matin, sculpture surréaliste en bois, verre, fil et ficelle. Conservée au MoMA (New York), cette œuvre fragile figure un espace onirique à la structure filiforme et aérienne.
L’œuvre, description et symboles
Composé de tubes fins et d’éléments discrets, le « palais » s’ouvre sur le vide.
À droite : un squelette d’oiseau et des vertèbres flottent dans une cage.
À gauche : une silhouette féminine, évoquant la mère de l’artiste.
Au centre : une forme elliptique que Giacometti identifie à lui‑même.
L’équilibre instable de l’ensemble — un palais d’allumettes — reflète sa nature psychique : subtil, éphémère, traversé de tensions.
Contexte biographique et surréaliste
À cette époque, Giacometti appartient au surréalisme jusqu’en 1935. Il explore les zones intermédiaires entre conscience et rêve, influencé par Freud, dont les théories sur le contenu latent et manifeste du rêve nourrissent ses recherches plastiques.
Nourri par ses échanges avec Breton et ses amis surréalistes, il traduit en matière les images instables de l’inconscient.
Un rêve en trois dimensions
Giacometti explique que la sculpture a surgi « en mémoire de six mois passés auprès d’une femme » : un palais mental construit durant un rêve éveillé, où « le jour et la nuit avaient la même couleur », et au moindre faux‑pas, tout s’effondrait.
Cette expérimentation matérialise les mécanismes freudiens : condensation (multiples symboles en une même structure), déplacement (asso- ciation libre d’images intimes) et figuration (forme identifiable mais énigmatique).
La psychanalyse au cœur de l’art
Freud, dans L’Interprétation des rêves (1900), montre que les rêves expriment des désirs inconscients via des images symboliques — des constructions mentales que l’artiste transforme ici en objet tangible.
Chez Giacometti, l’œuvre devient terrain d’exploration : l’inconscient prend forme et dialogue directement avec l’analyste et l’interprète, établissant un pont entre psychanalyse et création artistique.
Un palindrome psychique
Le Palais incarne l’inconsciemment vécu au réveil. Instable mais profond, il incite chacun à interroger ses propres images intérieures — tout comme Freud encourageait à décrypter « le contenu latent » derrière le rêve manifeste.

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